La démission de l’émissaire de Trump pour la paix alimente les doutes sur le plan américain

La démission de l’émissaire de Trump pour la paix alimente les doutes sur le plan américain

Jason Greenblatt avait la lourde tâche, au côté de Jared Kushner, de proposer des idées pour mettre fin au conflit israélo-palestinien. Il devrait être remplacé par un homme encore moins expérimenté.
Jason Greenblatt avait publié sur son compte Twitter, où il était très actif, un message indiquant que le plan de paix israélo-palestinien dont il avait la charge ne serait pas présenté avant les élections israéliennes du 17 septembre. Jeudi 5 septembre, cet assistant du président Donald Trump a quitté ses fonctions de « représentant spécial pour les négociations internationales », son titre officiel.
Le gendre du président, Jared Kushner, est officiellement la tête de pont de cette initiative américaine. Compte tenu de la multitude de dossiers que ce dernier a à gérer du fait de la confiance que lui accorde son beau-père, Jason Greenblatt en est rapidement devenu la cheville ouvrière, de concert avec l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman].
Ancien vice-président exécutif et responsable juridique de Donald Trump et de la Trump Organization, Jason Greenblatt avait été nommé au cours de la transition, en décembre 2016. Ses convictions pro-israéliennes et sa proximité avec Donald Trump avaient expliqué cette promotion spectaculaire à des fonctions où il succédait à des diplomates chevronnés, toutes administrations confondues.
Il devrait être remplacé par un homme encore moins expérimenté, Avi Berkowitz, bras droit de Jared Kushner, sorti de l’école de droit de Harvard en 2016. Ce dernier serait épaulé par un autre avocat entré au département d’Etat en 2017 avec la nouvelle administration, Brian Hook, déjà chargé d’un lourd dossier puisqu’il est représentant spécial pour l’Iran.
L’annonce du départ inattendu de Jason Greenblatt, qui devrait rester encore quelques semaines en fonction, a alimenté les doutes sur la solidité de la proposition américaine de règlement du conflit. En dépit de son titre, le juriste n’a jamais organisé la moindre table ronde rassemblant les deux parties.
La décision de Donald Trump de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël, puis la suppression du financement américain de l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens de 1948 et de 1967, ainsi que les attaques contre leur statut a provoqué une crise sans précédent entre Washington et l’Autorité palestinienne. L’accord tacite donné par les Etats-Unis à l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, en rupture avec les précédentes administrations démocrates comme républicaines, y a également contribué.
Dans ses interviews, Jason Greenblatt n’a cessé de défendre ces choix, opposant le dogmatisme présumé des autorités palestiniennes au pragmatisme d’une société civile avec laquelle il a toujours assuré entretenir discrètement le contact, même si ce dernier ne s’est jamais matérialisé.
Aux Nations unies, le 23 juillet, il avait prononcé un discours fracassant visant à retirer toute légitimité aux résolutions de l’ONU votées en leur temps par les Etats-Unis et qui constituent la base juridique du conflit depuis plus d’un demi-siècle. Il n’avait d’ailleurs pas mentionné explicitement la solution des deux Etats (la création de la Palestine aux côtés d’Israël) qui fait l’objet d’un « consensus international » qualifié par lui de « paravent pour l’inaction ».
Cette volonté de rupture n’a cependant pas produit de résultats probants jusqu’à présent. Elle s’est traduite en juin par une conférence ambitieuse consacrée à l’avenir économique de la région, à Bahreïn, suivie cependant d’aucune mesure concrète. Le choix de ce royaume avait illustré le souhait des Etats-Unis de faire de la question palestinienne l’élément d’un éventuel rapprochement entre les poids lourds arabes du Golfe et Israël pour contrer l’Iran. La nomination de Brian Hook le confirmerait.
Indépendamment de la démission de Jason Greenblatt, la présentation de la « vision de la paix » de l’administration Trump reste tributaire du calendrier électoral israélien et de l’issue des législatives. A la veille des précédentes, en avril, Donald Trump avait apporté un soutien appuyé au premier ministre sortant, Benyamin Nétanyahou, en reconnaissant unilatéralement la souveraineté israélienne sur le plateau syrien du Golan conquis militairement en 1967, en violation des résolutions des Nations unies.
« Je pense que c’est un aveu définitif d’échec, a déclaré Hanane Achraoui, une haute responsable de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), peu de temps après l’annonce de la démission du conseiller. Je pense que les Palestiniens dans leur ensemble vont dire “bon débarras”. (…) M. Greenblatt n’a jamais manqué une opportunité de dénigrer les Palestiniens. (…) Il était totalement engagé non pas en faveur de la paix mais en faveur de la justification de toutes les violations israéliennes. »

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